Superhôte

 Un livre envoyé gentiment par la repré Flammarion que j'avais hâte de découvrir. Le sujet me paraissait vraiment intéressant, raison pour laquelle j'ai décidé d'en commander plusieurs pour la librairie. Lu en trois soirs, c'est un roman très fin que j'aurais pu lire plus rapidement mais trop de fatigue, et envie de profiter de ma lecture. Le sujet est assez difficile parlant de lutte des classes, du métier de femme de ménage, de Airbnb et du fait que ce service impitoyable peut causer moult problèmes dont on ignorait l'existence... 

Dans ce roman à deux points de vue, celui de Camille fille de Sylvie, femme de ménage depuis plus de 20 ans, et celui de Anaïs, la patronne de Sylvie, on en apprend plus sur le métier de femme de ménage et sur Sylvie. Sylvie une femme gentille, aimable, généreuse, rendant toujours service quitte à s'oublier elle-même et en pâtir. Camille a fait des études, est devenue professeur des écoles tandis qu'à des centaines de kilomètres de là, Sylvie habitant le Touquet s'occupe entre autre de la maison mise en Airbnb par Anaïs, pour laquelle elle travaille depuis de nombreuses années. Sylvie a eu sa fille jeune, a travaillé rapidement au service des autres à se baisser, se tordre, lustrer, nettoyer, astiquer quitte à s'abimer la santé. Elle ne se plaint jamais, a même l'air d'apprécier son travail, donnant même quelques conseils de ménage à sa fille.

Anaïs de son côté, mariée à Adrien, possède une belle maison au Touquet, maison secondaire, dans laquelle ils se rendent les premières années, avant de décider de la louer sur Airbnb, Anaïs en ayant un peu marre du vent et du froid de l'océan, y préférant la méditerranée. C'est donc naturellement qu'Anaïs propose à  Sylvie de gérer le ménage entre deux réservations sur Airbnb. Elle n'aura pas besoin d'accueillir les visiteurs, puisque le couple a acheté une boite à clés. Ils ont tout fait pour attirer un maximum de monde dans leur belle et grande villa du Touquet, vantant les mérites de la demeure ainsi que de l'emplacement. Toute une stratégie pour faire augmenter le nombre de réservations. Sylvie n'aura qu'à venir plusieurs heures durant, après le départ, et avant l'arrivée des voyageurs pour faire le ménage tranquille. Camille insiste alors sur le fait que Airbnb rend invisible ces personnages chargés du nettoyage du lieu, les visiteurs ne voyant jamais la personne chargée de remettre le lieu en l'état... 

Anaïs lui établie une liste précise des taches à réaliser pour ce faire, aspirateur, serpillère, poussière, nettoyage du filtre à café, à machine à laver, changement des draps, et tout un tas d'étapes pouvant mettre jusqu'à six heures pour être faites... L'objectif étant de continuer de viser les cinq étoiles sur la plateforme. Sylvie ne dit rien, mais certaines fois elle retrouve la maison dans un état pitoyable, devant y passer bien plus de temps qu'à l'accoutumé. Camille ignore alors ce que vit sa mère, jusqu'au jour où un drame survient.. Un drame touchant directement la famille de Anaïs, dont elle tient Sylvie pour responsable, celle-ci étant directement entendue par la police, dont ils prennent la déposition. Une affaire qui ira loin, je ne vous en dis pas plus...

De par les deux points de vue que l'on a tout au long du roman, on est au plus proche du métier difficile et trop souvent sous-estimé, critiqué parfois même de femme de ménage, ayant un aperçu via sa propre fille, de la vie d'une femme de ménage, une femme l'exerçant particulièrement gentille et serviable qui s'oublie trop souvent. Un jour alors que sa mère n'est pas en état, c'est sa fille Camille qui passe plusieurs heures à remettre en l'état la maison de Anaïs et Adrien. Le couple se reposant entièrement sur cette femme à qui ils font confiance, mais envers laquelle ils n'hésiteront pas à s'en prendre à la suite du drame...

Une véritable critique sociale, une plongée dans l'univers impitoyable de Airbnb, un roman difficile mais génial. 

"Superhôte" de Amélie Cordonnier, 19€