Littéralement un ovni littéraire dont je vais vous parler là. Publié au Bruit du monde, je l'avais donc directement demandé à Florence la repré qui s'occupe de la maison d'édition me l'ayant très sympathiquement envoyé. J'ai à peine regardé de quoi il parlait, comme étant publié chez un éditeur que j'adore, je me doutais qu'il me plairait. En plus de cela, premier roman libyen que je lis et pas des moindres avec ce conte ubuesque, roman fin de 160 pages mais intense et complètement décalé.
Durant les années 90 en Libye sous le régime de Khadafi, deux hommes se battent pour le rôle de secrétaire du comité dans la ville de Géhenne: Jamal le vendeur d'alcool et le Colonel Bouddabara. Leurs partisans s'affrontent de manière au début drôle afin que cela prenne des proportions plus intenses. Seule Hadja Mabrouka, femme un peu maîtresse du village pérégrinant à travers le Géhenne se demande pour qui elle va voter, entrant chez les uns et les autres les interrogeant sur leurs intentions de vote, ainsi que Hadj Emhammed, un homme obsédé par le thé, boisson alors sous embargo dont le breuvage sacré est difficilement accessible.
Il se rend chez les deux candidats au poste de chef du village, une scène étant particulièrement drôle, ne parlant pas la même langue que le Colonel, devant parler à sa femme, traduisant à son fils qui traduit au Colonel pour terminer, véritable scène loufoque typique du style du roman. En effet, le narrateur s'adresse directement au lecteur, ayant l'impression qu'il nous parle, comme s'il était en face de nous, nous faisant attendre quant au déroulé des évènements, nous prenant à partie et autres formules décalées à souhait. Les choses s'enveniment au fur et à mesure entre les clans de ces deux hommes, où chacun tire la couverture à soi, jeu d'egos se jouant clairement alors, au début étant bon enfant pour devenir une véritable guerre, entre maison explosées, brûlées, et bagarres sanglantes.
Le Hadj Emhammed et la Hadja Mabrouka sont un peu les deux personnes à convaincre dans ce roman, deux personnes tout autant peu saines d'esprit que les deux candidats. Mabrouka jurant à tous que son fils vit en Russie alors que ce n'est pas le cas, tandis que Emhammed, en veut directement à celui qui ne lui offre pas de thé, espérant son exil loin du village.
Une lecture unique que je peux vous conseiller de faire, mais attendez-vous à quelque chose que vous n'avez jamais lu jusque lors, à une scène ubuesque frôlant le ridicule, comme si vous regardiez se dérouler sous vos yeux une pièce de Feydeau, ou de théâtre type Jarry.
"Un goût de thé amer" de Mohammed Alnaas, 21€
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