Un titre que je voyais dans les rayons de mon collègue me disant à chaque fois que je passais devant que ce serait cool que je le lise. En plus s'agissant d'un roman irakien, n'ayant jamais lu de roman irakien je me disais que ce serait doublement intéressant de le découvrir. Il ne se déroule pas en Irak, mais nos deux protagonistes masculins principaux sont irakiens.
En premier lieu on suit Sami, médecin retraité, irakien donc, allant rejoindre son fils à New-York. Il a fui l'Irak après la mort de sa femme, tristement décédée dans un malheureux incident en voiture. Au fil du récit on en apprend plus sur la vie de cet homme duquel on ne sait pas grand chose au début. On assiste au début de la maladie qui l'attaque, une forme de sénilité/Alzheimer. Quelques signes précurseurs apparaissent sans que son fils chez qui il vit n'y fasse grande attention, contrairement à sa femme Heather, et même à ses enfants jumeaux. Un jour, le vieil homme quitte l'appartement, et n'en retrouve pas le chemin, disant autour de lui qu'il souhaite rentrer chez lui à Bagdad... Un vendeur yéménite parlant arabe comme lui s'enquière de son état, l'aidant, jusqu'à ce que les policiers soient mis à contribution. En effet, ayant quitté l'Irak et après s'être rendu chez son neveu à Dubaï, le temps que son fils s'occupe de le faire venir aux Etats-Unis, Sami rejoint le territoire américain.
L'autre homme est Omar, la vingtaine probablement, peut être plus, ayant fui l'Irak, suite à sa désertion de l'armée, refusant de faire la guerre. En guise de punition, on lui mutile l'oreille avant de l'incarcérer. Une fois sorti, il choisit la fuite, et s'envole pour les Etats-Unis. A son arrivée, il ne connait rien à la culture américaine, a peur de se faire refourguer à la douane, mais il passe, aidé de son visa. Il habitera Detroit dans un premier temps, une ville immense, vivant en colocation avec un autre homme qu'il verra à peine, travaillant de nuit. Il se fait à ce rythme particulier, ne le dérangeant pas outre mesure. Il apprend de plus en plus l'anglais, se faisant discret, tentant de s'insérer dans la société, avec toujours en tête, l'idée de vouloir se faire opérer de l'oreille, pour qu'elle redevienne comme avant, la cachant toujours avec un couvre-chef ayant particulièrement honte de sa mutilation.
Il arrivera ensuite dans une exploitation agricole tenue par un certain Gabe, vivant avec sa femme et son fils autiste. Etant habitués à la différence, ils accueillent avec plaisir le jeune homme irakien. Omar sera chargé de l'exploitation de son patron s'occupant de chèvres. Omar sera désormais Anwar, décision prise par lui-même, voyant bien les regards s'assombrissant lorsqu'il dit qu'il vient d'Irak. Désormais il vient de Porto-Rico, il transforme son nom, de façon à être mieux accepté, du moins il l'espère. Le temps passe, Anwar travaille et économise, continue sa petite routine composée de son travail, de la salle de sport à laquelle il se rend régulièrement, de marche et de randonnée. Il se fera opérer, opération difficile et douloureuse, mais c'est la raison qui l'a poussé à venir jusqu'aux Etats-Unis. Il rencontrera quelques femmes avec lesquelles il aura des relations.
Sami quant à lui se rappelle sa vie en Irak, sa femme qu'il aimait très fort. Son fils fait tout pour le mettre à l'aise, son père ayant sa propre chambre, étant libre de faire plus ou moins ce qu'il veut, évolue dans un bel environnement, mais malheureusement la maladie en décide autrement. Le "jeddo" (grand-père), est proche de ses petits-enfants qui l'adorent, mais se demandent rapidement ce qui cloche avec lui. Leur père, fils de Sami minimise la situation en disant que leur grand-père est fatigué et qu'il doit se reposer. Bien que Sami apprenne l'anglais de mieux en mieux, il a beaucoup de mal à s'insérer, sa maladie n'aidant pas, étant persuadé qu'il habite toujours Bagdad. Finalement son fils et sa belle-fille décideront pour son bien, de le placer dans un établissement spécialisé guère loin de chez eux, pour que toute la famille puisse venir le voir régulièrement.
Omar de son côté, continue de prétendre qu'il vient de Porto-Rico, et même si les personnes qu'il rencontre s'étonnent qu'il ne parle pas l'espagnol, étant toujours en train d'apprendre l'anglais, il inventera une histoire comme quoi il a des origines portoricaines mais a grandi en Jordanie. Il pense que cela l'aidera à mieux s'intégrer, surtout juste après les attentats du 11 septembre, marquant un tournant pour sa situation, le FBI venant jusque dans l'exploitation de Gabe l'interroger. Il se dit alors que c'est le moment ou jamais de dire au monde qu'il est portoricain.
Deux hommes, deux générations, deux vies, mais un même pays de naissance et le même pays d'adoption. Qu'est ce qui lie ces deux hommes? On apprend leurs vies, leurs blessures, leurs joies et leurs peines. Un récit que j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir, n'en sachant que très peu sur l'Irak, n'ayant même jamais lu de roman irakien. Une lecture sur l'exil, la guerre, le racisme et pleins de sujets.
"Comme un parfum de lavande" de Sinan Antoon, 23€
Commentaires
Enregistrer un commentaire