Dernier titre de la rentrée JC Lattès que je lis avec un premier roman que je n'avais pas forcément l'intention de lire, comme tous ceux de l'éditeur en fait, s'étant ajoutés à ma PAL ce qui est très cool, avec un premier roman, "Les certitudes" de Marie Semelin. L'autrice a entre autre été journaliste au Moyen-Orient pour Radio France, ce qui me fait clairement comprendre à quel point elle s'est hyper bien renseignée pour écrire ce roman et de par sa position de journaliste est obligée d'être impartiale.
Je m'explique. Le roman se déroule en Israël après le 7 octobre. En voyant le résumé et le fait qu'il se déroule là-bas j'avoue que j'avais des à-priori et un peu peur que l'histoire soit un peu biaisée. Ca n'a pas du tout été le cas, l'autrice s'est hyper renseignée sur le sujet ce qui était hyper important. On suit deux personnages féminines fortes, Anna 26 ans parisienne, vivant en colocation avec Madame Simone âgée de 75 ans. Celle-ci travaille encore, dans un cabinet de médecin, tandis que Anna vivote comme elle peut. A la mort de Madame Simone, Anna fait un choix pour ses funérailles qui n'était pas initialement celui de la défunte. Finalement son souhait se réalise, et direction Jérusalem pour y être enterrée.
Anna est triste de la savoir loin, et après avoir reçu un coup de fil d'un certain Omri Elfassi, elle prend le premier vol pour Tel Aviv et direction Israël pour rencontrer son interlocuteur qui lui a dit que Madame Simone avait un appartement à Tel Aviv qui revient à Anna. La jeune fille très surprise se rend sur place, non sans peur pour en savoir plus. On est donc après le 7 octobre, en pleine guerre Israël Palestine comme on la connaît actuellement. Une terre toujours divisée, où juifs, musulmans et chrétiens cohabitent comme ils le peuvent, encore moins bien qu'avant le 7 octobre. Anna découvre Tel Aviv, une ville balnéaire d'apparence sympa et fêtarde mais où entre ses murs, chaque peuple vit de son côté. Un quartier juif, un musulman avec leurs propres écoles, commerces...
Une immersion dans une terre qu'elle ne connaît pas, dans un conflit dont elle connaît les grandes axes mais c'est tout. Elle trouve donc le fameux appartement qui n'est en fait pas celui de Madame Simone mais un Airbnb. Pourquoi Omri lui a menti?? La jeune femme prend ses marques dans le quartier, n'ose pas trop sortir avant de finalement le faire pour partir à la conquête de la vérité sur la vie secrète de son ancienne colocataire, une femme très mystérieuse quant à son passé ici en Israël. Quelques phrases sont drôles dans le récit et le rendent léger et sympa comme le fait qu'Anna se fasse la réflexion qu'un homme qu'elle croise s'appelle "juif", "Je me dis qu'un juin qui s'appelle juif ça fait quand même beaucoup de judéité, puis je me souviens qu'en français aussi on a ça, les chrétiens qui s'appellent Christian, et personne n'a l'air de trouver ça lourd". Elle se renseigne sur la situation du pays, discute avec quelques habitants pour comprendre ce qu'il se passe vraiment où elle est.
Son but étant Jérusalem où est enterrée Madame Simone, mais l'entrée dans la ville sainte s'avère très difficile, les entrées et sorties étant contrôlés par des gardes, devant obtenir des autorisations spéciales. Elle va vouloir se faire aider par un certain Noam, un beau jeune homme qu'elle rencontre par hasard, cachant sa kippa dans sa poche. Anna se fait des réflexions sur l'architecture du pays se disant "Il faudrait les traîner devant la justice ces architectes, ici, en banlieue parisienne ou ailleurs, pour une nuisance mentale et crime contre la beauté." Elle se fait une réflexion sur les juifs et musulmans, sur cette drôle de cohabitation alors que la guerre a lieu moins de 70kms plus bas et que personne n'a l'air de s'en rendre compte. Elle observe l'hétéroclisme de Tel Aviv et Jérusalem, avec différentes cultures et religions, cohabitant plus ou moins bien "une bonne séquestration ce serait le top. Dommage elle n'en n'a pas la force physique. Ce serait jouable avec disons, un complice. Et une arme. Elle n'a rien de ça, n'empêche, elle prend une seconde pour savourer cette vision".
Tandis qu'elle continue son périple risqué, le récit alterne entre présent et passé, pour en apprendre plus sur la vie en Israël de Madame Simone ayant appris le français, l'arabe, l'hébreu et l'anglais alors qu'elle était enfant, lui ayant permis une large ouverture d'esprit et une capacité de communication avec les deux peuples vivant sur cette terre depuis toujours, disputée. Anna pense " que les juifs d'Orient continuent de déchirer le voile qui couvre leurs yeux, et qu'ils réalisent dans le sillon de la révolte, leur similitude avec les Arabes. Qu'ils ne sont pas l'ennemi". Pourquoi Madame Simone a t-elle quitté son pays? Qu'est ce qu'elle cachait?
Entre pérégrinations dans une terre dont elle ne connaît pas grand chose et recherche de la tombe de son amie, Anna nous plonge avec elle dans la vie d'Israël, avec sa richesse historique mais aussi avec ses différends culturels et religieux ayant mené à la guerre que l'on connaît aujourd'hui. Anna est prête à tout pour aller jusqu'à Madame Simone quitte à prendre beaucoup de risques. Un beau roman très riche et foisonnant que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire, sans parti pris, ne présentant pas un coupable et une victime mais juste des faits. Objectifs.
"Les certitudes" de Marie Semelin, 20.90€

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