Un éditeur duquel je voulais lire les deux titres de la rentrée littéraire, c'était Le Tripode, dont je n'ai jamais rien lu, et dont j'ai eu deux des trois titres de cette rentrée litt lors d'une réunion en juin avec des éditeurs. Pour les remercier et pour découvrir un peu la maison d'édition, j'avais hâte de me plonger dans ces deux lectures très différentes. J'ai commencé par le premier roman "L'entroubli" de Thibault Daelman qui était présent lors de la matinée, et dont le roman avait l'air bien chouette. Fortement tiré de sa propre vie, l'auteur nous racontait comment lui, Thibault avait réussi à se sortir d'une famille dysfonctionnelle entre une mère excessive, mère courage et un père alcoolique, entouré de ses quatre frères.
Ayant vécu dans une banlieue parisienne pas incroyable, le garçon grandit entouré de cette figure forte de mère endossant deux rôles en un, n'hésitant pas à clamer sur les toits à quel point son mari Olivier était un incapable alcoolique inutile, tandis qu'elle élevait ses cinq fils en veillant au grain. " Aux yeux de notre mère, Olivier n'avait pas de problème. Il était le problème. De même il n'était pas sale. Il était la saleté. Elle ne le lavait pas. Elle l'éradiquait". Comment la passion des mots s'est développée dans l'esprit de l'avant dernier de la fratrie pour en faire ce roman. Comment sa mère a pris un amant un jour pour l'installer chez elle alors que son mari est toujours là.
L'école pour les cinq garçons, les devoirs sur la table de la cuisine, la cantine pour les quatre derniers à l'écart des autres car le foyer ne pouvant pas payer quatre repas par jour, la mère amenait à manger à ses fils au beau milieu de la journée. Le frère aîné né d'une autre union, César de dix ans plus âgé déjà grand et indépendant ne pouvant pas piffrer son beau-père Olivier juste bon à s'enfiler le plus de bouteilles possible. Le quotidien de cette grande fratrie entourée de deux drôles d'adultes. Les scènes de description d'Olivier et de son état sont difficiles, mais avec parfois un peu d'humour, rendant le récit pas lourd ni plombant. De plus, la mise en page du roman est composée d'une infinité de petits paragraphes très aérés, sans longues phrases compliquées, permettant des respirations régulières.
L'oncle et la tante, la grand-mère, les cousins, d'autres figures or cercle intra-familial se dessinent, sortes de bouée de sauvetage pour Thibault et ses frères. Son petit frère Edgar retardé, son frère Arthur faisant de grandes études, César se retrouvant dans une bonne position également, un aperçu d'une famille modeste tachant de s'en sortir comme elle le peut. Le récit des cours dans un collège public mal famé jusqu'aux portes de l'établissement privé où sa mère en a forcé les portes. Les profs plus ou moins sympathiques ayant marqué notre narrateur. Une enfance peu facile mais marquée par de l'affection, de l'amour et de l'espoir quant à un futur qu'il aimerait.
Une belle histoire, surtout quand on sait qu'elle est en grande partie autobiographique. Un joli premier roman dont l'écriture n'est pas banale, ni même la situation familiale.
"L'entroubli" de Thibault Daelman, 20€

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