Un titre reçu au mois de mai dont la jolie couverture m'a tout de suite donné envie de le découvrir. Un roman assez fin, 200 pages, un premier roman et un résumé attractif qui ont encore plus renforcé ma volonté de le lire, lorsque je me suis rendue à une rencontre éditeurs pour la rentrée littéraire où notamment les éditions Philippe Rey étaient présentes. L'auteur, Ramsès Kefi a été journaliste et m'a semblé être une personne intéressante dont j'avais très envie de découvrir son roman que j'ai lu en deux jours en prenant mon temps.
Le roman se déroule donc sur quatre jours comme l'indique le titre. Salmane a 36 ans, vit encore avec ses parents dans une cité proche d'une forêt, nommée "La caverne". Un endroit dans lequel il se sent bien, duquel il ne se voit certainement pas partir, d'où le fait que passé la trentaine il y soit encore. Ses parents sont deux immigrés tunisiens orphelins et vivent là depuis des décennies. Un couple à la retraite, Amani ancienne femme de ménage et Hedi travaillant sur des chantiers. L'homme ayant eu un coup de cœur pour leur appartement avec baignoire dans la tour Hirondelle tandis que sa femme en eut un pour la vue sur la forêt. Amani est une mère sourires pour les autres habitants de la cité mais n'a que très peu d'amis voire plus depuis que Maria sa meilleure amie est partie, tandis que son père se balade en meute. Un couple qui parle français à la maison, jamais arabe, ne raconte rien sur leurs vies en Tunisie, adorent la France, et est en apparence solide.
Jusqu'au jour où Amani 67 ans part. Elle laisse un mot à son fils dans sa chambre toujours revêtue du papier peint Schtroumpf de son enfance. Salmane quant à lui à son âge avancé pour encore vivre en famille, travaille dans un restaurant fusion japonais et arabe où sushis et merguez se côtoient. Après un master en histoire, le jeune homme a voulu continué de rester dans cette cité tranquille qu'il aime tant, avec sa bande de potes à crécher chaque soir sur le parking, leur lieu de rencontre où ils fument, boivent et discutent jusqu'au petit matin. Une perte de ses capacités selon ses parents, dont le père aurait aimé qu'il poursuive en doctorat et appelle son fils Docteur devant ses amis.
Salmane ne partage quasiment plus rien avec ses parents, ne passe pas de temps avec eux quand bien même il vit chez eux moyennant un loyer. Cela fait des années qu'il n'a pas regardé un film avec son père ou bu un café avec sa mère. Le jour où Amani disparaît, c'est donc un vrai choc pour Salmane. Son père vient le prévenir un soir sur son parking avec ses copains, et tous deux commencent alors à remuer ciel et terre pour tenter de savoir où est partie Amani. Comme à son habitude elle avait préparé des pâtes au piment, coutume du lundi, son mari avait ramené les courses plus tard que prévu après une escale au Mascara, le café du coin. Une véritable "perquisition" commence alors à 1H30 du matin, Hedi désemparé devant l'absence de sa femme, lui qui n'a jamais vécu seul mais toujours avec sa femme et son fils.
Sur quatre jours donc, les recherches se poursuivent entre volonté de Salmane de se sortir de sa situation de Tanguy endurci et de viser peut être autre chose, et celle de Hedi se sentant trahi et allant à enlever jusqu'à son alliance.
Un roman prenant à l'écriture puissante et honnête, le roman ayant beaucoup de moments drôles où Salmane dit de sa cité qu'elle est "le HLM de Lascaux", un endroit tranquille où des bisons étaient tagués sur les murs, chacun voulant vivre sa vie sans encombre. Une fresque familiale sur le poids du passé, les origines, un roman social également, que j'ai pris énormément de plaisir à découvrir et que je vous invite à lire. Une réussite.
"Quatre jours sans ma mère" de Ramsès Kefi, 19€
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