Second titre de la rentrée litt L'iconoclaste que je lis avec "Marcher dans tes pas" de Léonor de Récondo. Je n'avais encore rien lu de l'autrice, ayant vu "Le grand feu" dans la librairie où je travaille, sa sortie précédente, mais sans n'avoir encore jamais rien lu. J'étais donc curieuse de découvrir ce titre que j'ai emprunté sans rien connaître du livre ou de l'autrice. Recevant les épreuves non corrigées, c'est à dire des livres n'ayant pas la couverture officielle, pas de résumé, et pouvant changer, je n'avais donc aucune info sur le sujet, et parfois c'est pas plus mal, cela laisse la place à la surprise.
J'ai mis quelques pages à comprendre, beaucoup de pages même, qu'il s'agissait d'un roman autobiographique, l'autrice nous partageant son histoire, son devoir de mémoire, et l'hommage à ses racines qu'elle a décidé de faire. Depuis octobre 2022, les descendants de personnes ayant du fuir leur pays ont la possibilité d'obtenir la nationalité de leurs ancêtres. C'est ce que va décider de faire Léonor de Récondo, processus que va occuper tout le récit. Une loi permettant de racheter les fautes du passé, les guerres ayant eu comme conséquence des exodes. C'est le cas de la famille de l'autrice, dont les grands parents ont du fuir l'Espagne lors de la tyrannie de Franco. En 1936 après un attentat, la mère de Félix, la grand-mère de Léonor donc, décide de partir avec ses parents, son fils âgé de quatre ans, Félix et Jean son fils aîné, direction Hendaye dans le pays basque. La petite troupe franchit la frontière, quitte ses racines et leur langue qu'est l'espagnol pour découvrir un nouvel environnement et une nouvelle langue, le basque.
Heureusement, Félix le père de l'autrice est encore tout jeune et s'adapte donc rapidement. C'est beaucoup plus difficile pour sa mère Enriqueta. La roman est une quête sur l'identité, l'autrice tentant de renouer avec ses racines peu connues, desquelles son père ne disait pas grand chose, n'ayant jamais appris à sa fille le basque, une langue ne ressemblant ni à l'espagnol ni au français, langue à part, qui met à l'écart Léonor lorsqu'elle entendait parler son père avec des basques.
Léonor s'adresse à Enriqueta et à son père en utilisant le "tu", comme si elle s'adressait directement à eux. Le lecteur assiste donc tel un spectateur aux racines et à l'histoire de la famille de l'autrice, tragique, à une époque où l'histoire espagnole est meurtrière et n'hésite pas à enfermer les opposants au régime. L'autrice nous parle aussi de personnes importantes dans la lutte espagnole à cette époque comme une militante féministe ou un athlète. Les phrases sont courtes mais poignantes, des moments du récit s'apparentant à de la poésie. Son père vit en apatride des années durant, durant quatre ans ayant la nationalité espagnole pour ensuite être apatride, sans nationalité durant une quarantaine d'années, avant d'adopter la nationalité française.
Un recherche d'informations sur ses racines, allant jusqu'à lire des journaux, se rendant dans des musées pour en apprendre plus sur sa famille et sur cette époque sanglante qu'a été l'année 1936. Ces démarches pour obtenir la nationalité espagnole. Allant jusqu'à Hendaye où sa famille a émigré, et même dans la ville espagnole qu'ils ont quittée, commandant un café dans la boulangerie où son père devait sûrement se rendre enfant. Elle observe juste, se rapprochant de ses ancêtres. Elle dit, " Je suis la tapisserie de la pâtisserie", les temporalités se superposant, réalisant qu'elle est désormais plus âgée que sa grand-mère à son époque.
L'exode, la quête d'identité, l'adaptation, le plurilinguisme agrandissant la difficulté de se faire une place entre le pays d'origine de ses ancêtres, l'Espagne, la nouvelle région d'adoption le pays basque avec sa langue et le français car habitant désormais en France. Une belle histoire sur la famille et comment lui rendre hommage malgré le manque d'informations et les obstacles.
"Marcher dans tes pas" de Léonor de Récondo, 20.90€

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