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Le mystère Lagerfeld

L'avant dernier livre lu du mois de mai, qui fût trèèès prolifique, fût cette sorte de biographie de Monsieur Karl Lagerfeld écrite par Lauren Allen-Caron, sortie juste avant sa mort. 
Drôle de coïncidence si on peut dire... Ma tante me l'avait acheté juste après sa mort, sachant que j'aimais beaucoup le personnage que cet homme mythique représentait. On pourrait parler longtemps sur les remarques qu'il a pu faire, parfois pas très sympas, ni très pondérées, mais ça faisait partie de sa personnalité, et on ne peut ignorer le génie de cet homme. 

Dans ces quelque 260 pages, l'auteur a établi la vie du génie de la mode, de sa toute petite enfance dans une famille bourgeoise de Hambourg en Allemagne avant la guerre, jusque dans les années 2010. Il s'est entretenu avec beaucoup de personnes qui étaient proches du créateur afin d'écrire tout cela, afin de nous retracer au mieux, la vie privée comme professionnelle de Karl. 
On en apprend beaucoup plus sur l'homme Chanel, de sa passion depuis toujours pour le dessin et les langues, sa volonté de devenir quelqu'un, très tôt dans sa vie, son emménagement à Paris lorsqu'il était juste majeur afin de tenter de percer les mystères de Paris et intégrer ce club sélect de ceux qui faisaient la mode. Ses parents l'ont toujours poussé, sa passion pour le dessin à l'époque plutôt une activité considérée comme féminine, ne dérangeant pas sa mère, femme franche et dure avec le petit Karl. 
A l'époque, les figures emblématiques étaient Pierre Balmain, Jean Patou et Christian Dior, mais Karl n'a pas cette volonté de travailler pour eux, qu'ils trouvent trop classiques pour les deux premiers. 
Il devient rapidement ami avec un certain Yves Saint Laurent juste arrivé d'Algérie, à qui il fait découvrir celle qui est désormais sa ville, qu'il ne quittera plus. 

Ils se soutiendront dans leurs projets, Saint Laurent ayant très vite l'ambition de créer sa maison et de faire de la création de mode, tandis que Karl est plus perdu et prend son temps. Saint Laurent travaillera par la suite pour Dior, puis créera sa propre maison. Karl n'a jamais eu envie d'avoir son nom aux yeux de tous, trouvant l'idée quelque peu prétentieuse. Il changera d'avis on le sait bien...
Il n'y a jamais eu cependant, de rivalité entre les deux hommes, celle-ci se fera plus tard...

On suit la jeunesse de ces deux jeunes hommes fougueux, enchaînant les soirées mondaines, Karl ayant toujours été plus réservé et plus raisonnable, ne buvant pas, ne se droguant pas, ne fumant pas. Une sorte de spectateur de tout cela, parfois même d'instigateur, aux événements dont il ne profitera jamais pleinement. 
Il tombe un jour sous le charme de Jacques de Bascher, celui qui deviendra son compagnon pendant presque 20 ans avant de mourir. Le jeune homme, beaucoup plus jeune que Karl, dandy aimant les grandes festivités, les hommes et la décadence, vit aux crochets de son aîné.
Karl déménage souvent, adorant la construction d'un endroit, plus 
qu' l'habitation dudit lieu, ayant une passion pour le travail en chantier. Ce qui explique qu'il aime autant imaginer et créer des collections. Il s'éloignera ensuite de Yves, se créera d'autres cercles d'amis, étant toujours proche de Victoire Doutreleau, sa muse.

Ces années sont sources d'inspiration pour le jeune homme qui se fait un nom petit à petit. 
Tout l'intéresse, pas uniquement la création. Par la suite il fera également de la photo, réalisant lui-même des shootings photos de Chanel, des dessins, puisqu'il imaginera toutes les collections de Chloé, de Fendi un peu aussi, puis chez Chanel, dans le conseil également qu'il prodiguera pour les soeurs Fendi, pour la maison Chloé, chez qui il travaillera des années dans les années 1970. 
Par la suite, la place se fera libre chez Chanel, et il aura l'ambition que personne n'a osée avoir, celle de reprendre en main, et rockiser cette vieille maison, tombée dans l'oubli et l'ennui, depuis la mort de sa créatrice Gabrielle Chanel morte 10 ans auparavant. Il ne l'aura d'ailleurs jamais croisée, mais s'imprègnera de l'univers Chanel, afin d'en garder les codes, mais également faire évoluer cette maison, qui va devenir la marque la plus en vogue. 

Lagerfeld devient de plus en plus renommé, son talent n'étant plus à débattre, travaillant d'arrache-pied, fourmillant d'idées à la seconde, il avait d'ailleurs toujours un bloc notes à proximité de son lit, les idées lui venant souvent la nuit en rêves. Féru d'art et la littérature, l'homme adore changer de meubles, afin de changer d'ambiance, chose qu'il fera un certain nombre de fois dans ses appartements parisiens, dans son château à Grand-Champ dans le Morbihan, où il allait se ressourcer. Ce fût également un lieu serein pour son compagnon et lui-même, puis sa mère, qui habita avec lui suite à la mort de son mari. Il possède une pièce entière, remplie de livres empilés, une collection qui s'estimera à 70 000 livres...
Cet érudit lit beaucoup pendant son temps libre qui se fait rare, supervisant trois maisons, puis la sienne Karl Lagerfeld, qui a un moment donné n'existait plus, ne supportant pas de voir son nom écrit de partout. Il imagine des collaborations, à une fréquence dingue, notamment celle entre H&M et son propre label, Karl Lagerfeld, aka KL en 2004. C'est le premier à collaborer avec le géant suédois, il devient grâce à cela très connu, et considéré comme un personnage fun et sympathique, malgré sa gouaille habituelle qui lui a fait défaut parfois. 


Avis: Une lecture très intéressante et très riche que j'ai réalisée assez vite, ayant adoré en savoir plus sur ce génie de la mode, ami de certaines Vanessa Paradis, Inès de la Fressange, qu'il a découvertes, érudit et intéressé par tout ce qui l'entourait. Malgré son air souvent sévère et revêche, c'était un homme profondément gentil et doux, toujours doué pour conseiller son prochain. Son érudition et sa volonté de s'essayer à tout ce qu'il avait envie, ont fait de lui un pionnier de la mode, une figure marquante dont le monde se souviendra. 



"Le mystère Lagerfeld", de Laurent Allen-Caron, 19€

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