Après "Natural beauty", c'est le dernier Sayaka Murata dont j'avais envie de vous parler aujourd'hui. L'autrice de "La fille de la supérette" a reçu des prix et beaucoup de notoriété pour ce roman-ci que j'avais beaucoup aimé. J'étais donc curieuse de lire son nouveau titre dont nous avions plusieurs exemplaires dans notre rayon VO. Ca faisait un mois que je n'avais pas lu en anglais ( depuis fin avril) il était donc également temps de relire dans la langue de Shakespeare. Contrairement au précédent dont le vocabulaire était un peu plus ardu, le Sayaka Murata était assez facile de compréhension, je dirai qu'il faut un bon niveau B2 pour le comprendre.
Je me suis donc plongée dans cette lecture dont je ne savais pas grand chose, connaissant seulement l'autrice. Je me suis donc laissée emporter dans une dystopie passionnante que j'ai adorée, ne m'attendant pas à cela, mais finalement je restais un peu dans le même registre que le précédent roman en anglais que je lisais. La dystopie. Ce genre très particulier auquel on adhère ou pas. Personnellement cela dépend beaucoup, j'avais même fait une vidéo qui date d'il y a plusieurs années dans laquelle je parlais des livres de dystopie que je n'avais pas aimés. Mais une aussi présentant ceux que j'avais aimés. Bref je n'en lisais plus trop, pas par choix mais tout simplement parce que l'occasion ne m'était pas donnée. Le dernier en français que j'ai lu étant une dystopie était "Obsolète" je pense, que j'avais beaucoup aimé.
Pour "Vanishing world", littéralement "le monde disparaissant", pas traduit en français encore, on suit Amane, enfant au début du récit, jusqu'à l'âge adulte. Une histoire se déroulant sur une vingtaine d'années, dans un monde futur au notre, dans lequel le Japon a instauré une nouvelle façon de vivre. En effet, les gens ne "copulent" plus pour avoir des enfants, mais font appel majoritairement à l'insémination artificielle. Il n'y a donc quasiment plus de rapports physiques entre les couples, la "copulation" pour avoir un enfant étant mal vue et pas comprise. C'est le cas de notre héroïne, née de l'amour physique entre ses parents, l'enfant en voulant à sa mère de cet acte vu dans la société actuelle comme incestueux. En effet, ils considèrent qu'un couple marié devient donc une famille, et donc copuler au sein de sa famille est incestueux.
Amane grandit, entourée de personnages fictifs, héros d'animés qu'elle regarde passionnément, amoureuse de certains de ses héros. Il est très courant dans cette société de s'éprendre de personnages qui n'existent pas, et les personnes qui sont amoureuses de ces personnages de "l'autre monde" ne sont pas jugées, c'est même la norme. C'est le fait d'être amoureux d'une personne réelle qui est vu comme étrange. Amane s'adonne donc à des actes intimes solitaires, en pensant qu'elle communie avec celui qu'elle aime qui n'existe pas. Juri est sa seule amie sachant qu'elle est née de la copulation de ses parents, et elle restera une fidèle amie. Quand Amane rencontre un camarade de classe également amoureux du même personnage qu'elle, tous les deux se lient, et font même l'amour, acte devenu obsolète, en pensant faire l'amour avec leur héros.
Des années durant Amane garde avec elle ses personnages qu'elle aime fort, ayant à plusieurs reprises des relations sexuelles, étant jugée par ses comparses ne la comprenant pas. Une fois adulte, elle se marie, mais son mari essaye de la toucher, elle divorce donc, l'acte étant considéré comme une volonté de viol, d'inceste et donc répréhensible. Elle rencontre son second mari, Salu lors d'un speed-dating où les informations de chacun sont données afin de trouver la personne idéale pour soi. Celui-ci considère qu'il est dégoûtant d'avoir des relations charnelles avec sa femme, considérée donc comme un membre de sa propre famille comme une sœur. Saku son mari a eu quelques aventures avec des femmes avec lesquelles il a pu expérimenter l'amour charnel, chose encore une fois, devenue anticonformiste. Le couple représente donc l'anti Adam et Eve, un peu en marge de cette drôle de société.
Chacun vit sa vie de son côté, le couple étant en réalité des colloc discutant beaucoup ensemble mais n'ayant pas de relations physiques ensemble. Saku a des dates avec des femmes, Amane aussi, chacun vit sa vie, ce qui est la norme. Amane rencontre un jour le voisin Mizuto dont elle tombe amoureuse, celui-ci étant marié avec une femme qui fait sa vie de son côté, l'homme n'ayant jamais eu de relation charnelle. Lui aussi ayant aimé des personnes n'existant pas sauf à trois reprises. Amane va l'initier au sexe, Mizuto acceptant pour lui faire plaisir mais réalisant rapidement qu'il s'agit plus d'une corvée qu'autre chose, les gens alors ne s'adonnant plus aux plaisirs de la chair, le sexe devient alors mécanique.
On apprend que la ville de Chiba est expérimentale, et que depuis dix ans, des enfants naissent pas insémination artificielle portés par des hommes et des femmes, inséminés le 24 décembre donnant naissance tous en même temps. Les enfants sont élevés par la communauté, chacun devenant alors une maman pour ces enfants appelés les "kodomo chan" n'ayant pas de prénoms, tous semblables en dépit de leurs sexes et de leurs âges. Amane et Saku décident alors de se rendre dans cette ville expérimentale pour vivre tranquillement, loin de la souffrance et de la déception, entre le refus de Mizuto d'avoir des rapports avec Amane, et Saku ayant été largué par sa copine. Ils espèrent là-bas trouver la paix, et pouvoir élever leur enfant tranquillement, sauf que les choses ne vont pas se passer aussi facilement...
Une lecture hyper prenante et addictive que j'ai adorée lire, le lecteur étant amené à réfléchir à la famille, aux relations sociales, au couple, à l'amour, j'ai vraiment adoré ce roman que je vous recommande si votre niveau d'anglais bien sûr, vous le permet.
"Vanishing world" de Sayaka Murata, environ 18€
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