Ayant lu "Dans la forêt" il y des années, j'avais un peu hâte de lire la suite quand j'ai su qu'elle allait sortir. J'ai reçu le service de presse sympathiquement de part de Gallmeister et l'ai lu mi-janvier pour pouvoir en parler assez rapidement sur les réseaux surtout ici et Instagram, mes vidéos mettant plus de temps à sortir comme j'en ai beaucoup d'avance.
Dans "Le monde d'après", comme son nom l'indique on suit les personnages du roman précédent, soit Eva et Nell deux sœurs ayant vécu la fin de l'humanité toute relative cependant car il reste encore quelques humains épars mais pas autant qu'avant. Toutes deux ont grandi elles doivent désormais avoir la trentaine car elles élèvent Burl, leur fils qui a quinze ans. On se doute qu'un géniteur a donné cet enfant mais elles n'en diront pas beaucoup plus. Burl est donc élevé avec ses mères dans la forêt, les filles ayant brûlé leur maison des années auparavant et ont désormais aménagé un arbre à l'intérieur duquel ils vivent tous les trois. La première chose qui m'a beaucoup surprise et déstabilisée dès les premières pages, est l'écriture. Du fait que Nell et Eva trouvent que la langue n'est pas assez riche ou adaptée à leur vie actuelle, elles inventent donc tout un vocabulaire qu'elles enseignent à leur fils.
Le récit étant donc raconté du point de vue de Burl, on a donc beaucoup de mots qui sont normalement des fautes d'orthographe mais qui n'en sont en fait pas. Il y en a plusieurs par page ce qui rend la lecture franchement difficile à faire car ne supportant pas les fautes d'orthographe, lorsque j'en vois, mon cerveau bloque et j'ai donc mis plus de temps à lire ce roman qu'un autre. Exemples, "nous trois" devient "noutrois" la quasi totalité du roman étant centrée sur la vie de ces trois protagonistes, l'existence tout entière de Burl se limite donc à ces trois personnes que composent sa famille et son spectre de connaissances de l'humain. "Malgré" devient "mal gré" "faufilent" devient "faux filent" au lieu de "terroriser" on a "terreuriser" "zigzag" se transforme en "zigue zague" "emprisonne" devient "prisonne" février devenant "fait vrier" Burl n'ayant aucune notion des jours, des mois mais se reportant au soleil et à la nature. Tout un tas de vocabulaire inventé, les premières pages m'ayant franchement laissée perplexe et j'étais à deux doigts de contacter Gallmeister pour leur dire qu'ils avaient dû m'envoyer un exemplaire relu par une personne droguée ahah. J'ai ensuite enfin compris que c'était fait exprès. L'autrice en postface, remercie d'ailleurs la traductrice de l'anglais vers le français, Josette Chicheportiche qui a du clairement inventer certains mots n'étant pas du tout les mêmes dans la langue de Shakespeare.
Mis à part cela, on suit donc la vie, la routine de cette famille, vivant entièrement dans la forêt, en harmonie avec la nature et les éléments, leur permettant de subsister. Certaines années, la sécheresse gronde, ou la faim se fait clairement sentir mais ils sont reconnaissants à la Terre de leur fournir de la matière pour vivre. Burl a seulement un peu appris à écrire d'où le fait que son expression soit étrange. Chaque année, la famille organise une fête qu'ils appellent la fête du feu de joie, se racontant l'année écoulée avec leurs joies leurs peines comme la beauté de la pluie d'étoiles filantes, le solstice d'été, les histoires racontées par Nell, les plus belles chasses et expéditions de Eva. Un moments important pour eux pour montrer leur dévotion à ce qui les entoure. Mais également leurs tracas ou les peurs vécus comme la sécheresse... Lorsque Burl a six ans, ils entendent des gens s'approcher, n'en n'ayant pas vus depuis des années. Burl est étonné qu'on puisse faire connaissance avec des gens sans les attraper comme la famille le fait pour les animaux ou les récoltes. Eva donne des sortes de cours à son fils pour lui apprendre la manière dont on s'adressait à Autrui dans le monde d'avant, chose qui n'a plus vraiment d'utilisé dans le monde d'après où ils évoluent. Un soir ils se rendent plus haut dans la forêt pour avoir une vue, et Burl voit du feu au loin étant persuadé que des humains l'ont allumé et se met en tête de vouloir absolument les rencontrer.
Leur mode de vie est évidemment très simple, chasse de quelque animaux que ce soit, même du rat ou du serpent, l'utilisation des plantes pour faire du thé, traitements contre les maladies... Un mode de vie semblable à ce que pouvaient vivre nos ancêtres dans l'ancien temps avant l'arrivée des technologies et autres. Le début du roman se passe tranquillement de façon très routinière, jusqu'à ce que tous les trois partent en expédition, découvrant une cabane à l'abandon avec des outils dont ils vont pouvoir se servir, Burl étant stupéfait devant la découverte de tout cela qu'il n'a jamais vue comme une radio ou des magazines avec en couverture des vrais gens! Il se rend enfin compte qu'un homme ça ressemble à ça, avec une barbe notamment. Ils emportent avec eux quelques trouvailles allant aider leur quotidien. Eva étant la première à avoir découvert cette cabane suite à une expédition faite seule, mais n'étant pas entrée dans la cabane, sa sœur étant effarée devant si peu d'intérêt. Les deux femmes sont assez complémentaires, Eva danse avec ses longs cheveux au vent, animée d'une énergie et d'une passion sans faille, tandis que Nell joue de la flûte.
Leur retour dans leur "demeure" est un gros changement pour Burl qui réalise que les gens ont réellement existé voulant désormais absolument en voir de ses propres yeux. Eva se satisfait entièrement dans la forêt, sa maison depuis si longtemps, tandis que Nell se met en quête de partir seule à son tour en expédition quelque part. Un vent de liberté souffle alors en elle, tandis que jaloux, Burl reste avec son autre mère. Cependant, en retournant dans les villes qu'elle a connues adolescente, dans sa vie d'avant, Nell se heurte à la cruauté du monde et aux conséquences des actes des générations précédentes, rencontrant des gens. Des gens la tenant responsable de la sécheresse, fonte des glaces, réchauffement climatique un des jeunes employant un drôle de langage lui disant clairement " les gens ont toujours été le gros problème de la Terre". Cette rencontre et expédition vont se solder par un échec, et elle revient blessée auprès des siens...
Une bonne suite de "Dans la forêt", même si la vie des protagonistes est tellement éloignée de la mienne, de la notre je pense, que j'ai trouvé qu'il était assez difficile de s'identifier aux personnages et à leurs vies. J'ai trouvé un réel intérêt au récit qu'à partir de la moitié, où leur quotidien commence à changer avec leur première expédition. J'insiste sur l'écriture étrange du récit qui vous bloquera peut être comme moi, mais chapeau à la traductrice qui a retranscrit comme elle le pouvait.
"Le temps d'après" de Jean Hegland, 23.90€
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