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La confession

 Quand nous avons reçu notre représentante Flammarion très sympathique soit dit en passant, elle m'a donné envie de lire pas mal de livres, son programme de la rentrée littéraire avait franchement l'air intéressant. Après vous avoir présenté deux titres pour le moins originaux et loufoques chez Flammarion en vidéo, dans une seconde je vous présenterai deux titres plus sérieux entre "La confession" de Romane Lafore ainsi que "Frapper l'épopée" de Alice Zeniter. Je n'ai pas fait exprès de lire deux titres originaux puis deux titres sérieux mais c'est ainsi que les choses se sont déroulées ce qui tombe plutôt bien. 

J'ai donc lu "La confession" peu de temps après "Frapper l'épopée" comme je voulais refaire une vidéo Rentrée littéraire Flammarion. Je l'ai lu d'une traite un dimanche, j'adore lire des livres d'une traite, d'ailleurs je viens de monter une vidéo sur le sujet, sur des livres que j'ai lus en une journée. Après avoir lu d'une traite également le second tome de "La femme de ménage" la veille, j'ai fait la même chose avec ce roman de la rentrée littéraire. 

Dans ce roman pas très long on suit Agnès, le roman s'écoulant sur plusieurs années. Agnès est une fille de bonne famille pourrait-on dire, enfant d'une fratrie de plusieurs sœurs, le seul fils de la famille étant mort bébé âgé de 25 mois. Agnès a été élevée selon les principes catholiques, se rendant à l'église, et même ayant une conception bien manichéenne du bien et du mal, leur mère s'amusant lorsqu'elle et ses sœurs étaient enfants à inventer des scénarii dans lesquelles ses filles devaient répondre de la bonne façon ainsi que de la mauvaise. Epousant Hugues après trois années à se fréquenter n'ayant eu (quasiment) aucun rapport avant le mariage, le jeune homme étant intransigeant sur le sujet également. A 20 ans, notre héroïne est mariée, heureuse en ménage, avec Hugues officier d'infanterie. Ils habitent Bayonne avant d'aller vivre en Afrique, au Sénégal durant deux ans pour le travail de Hugues avant de revenir en France, à Montauban. 

Agnès a les idées bien arrêtées sur ce qu'il est convenable de faire ou de ne pas faire. Elle est très engagée dans la lutte contre l'avortement et dans la diffusion des idées chrétiennes. Ses sœurs, amies et elle-même, sont très actives au sein d'une communauté chargée de dissuader les femmes d'avorter et de leur faire comprendre que chaque vie est précieuse. Pour elle donc, ce n'est pas un embryon, quelques semaines après la début de la grossesse mais déjà une future vie qu'il est primordial de conserver. Agnès qui, entourée d'une grande fratrie, qui a connu sa mère enceinte jusqu'à sa quarantaine, se convainc qu'elle aussi doit enfanter rapidement. La première année c'est plutôt difficile, son mari étant envoyé de longues périodes au Tchad. Elle joue alors à la future parfaite ménagère en attente de sa fratrie, et passe le temps en donnant des "conseils" à des jeunes femmes enceintes sur un forum qui souhaitent avoir des informations et pour la plupart souhaitent avorter. Elle tente alors de les convaincre de ne surtout pas le faire, elle qui attend seulement d'être enceinte. 

Les mois passent, les années aussi, se retrouvant seule chez elle pour ses noces de coton, se soumettant aux désirs de son mari plus obnubilé par son propre plaisir que par celui de leur couple. Agnès n'est toujours pas enceinte, chaque mois ses règles lui rappelant que son corps est visiblement incapable d'enfanter alors que rien ne cloche physiologiquement. Sa famille ne se prive pas pour lui rappeler que plusieurs années après son mariage se sont écoulées. Les mariages et naissances successives de ses amies lui rappellent aussi que le tic tac s'écoule et bien qu'elle soit encore bien jeune, se met une pression monumentale pour avoir enfin la naissance qu'elle attend et que le monde veut qu'elle ait. Faire ce qu'on attend d'elle en somme, ne s'étant pas réellement posé la question sur si elle voulait vraiment de cette naissance et si elle aime vraiment son mari.

Tout au long du roman, Agnès fait sa confession, s'adresse à quelqu'un, un prêtre sûrement, on se doute donc qu'elle parle du pêché qu'elle a commis sans en connaître la teneur. On comprend à la toute fin, après qu'on lui ait bourré le crâne toutes ses années, après avoir voulu être la parfaite petite ménagère, que les choses ne sont pas si simples, et après avoir passé tant de temps investie d'une mission de préserver chaque vie, elle se met à haïr toutes ces femmes enceintes autour d'elle. Un changement draconien de mentalité, après une vie de deux ans en Afrique, ayant fait la connaissance d'un certain Pierre qui lui a fait bien plus d'effet que son propre mari. 

Un roman intéressant sur la religion très présente ainsi que ses diktats. Une jeune femme vivant quasiment à notre époque qui évolue dans sa foi, tout d'abord très forte et inébranlable avant de se poser des questions sur elle-même et ses envies profondes. Un sujet intéressant, traité d'une façon que j'ai appréciée, le fait de s'adresser à quelqu'un de cette façon sous forme de confession rend le récit fort, et dont on veut connaître le fin mot de l'histoire. 



" La confession" de Romane Lafore, 20€

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